De nombreuses zones minières de l’est de la RDC sont contrôlées par desrebelles et l’armée nationale qui se livrent à une violente exploitation de la population civile afin deconserver leur accès à de précieux minerais, dont la cassitérite (minerai d’étain), le coltan et l’or. Lacassitérite et le coltan entrent notamment dans la fabrication de téléphones mobiles, d’ordinateurs etd’autres appareils électroniques.Global Witness a adressé un courrier à 200 entreprises, et les réponses qu’a reçues l’ONG révèlentque la plupart de ces entreprises ne disposent d’aucune mesure de contrôle permettant d’empêcherque des « minerais du conflit » n’entrent dans leur chaîne d’approvisionnement.
Global Witnessaffirme que des gouvernements, notamment ceux du Royaume-Uni et de la Belgique, en s’abstenantde prendre des mesures rigoureuses à l’égard des entreprises basées dans leur pays, compromettentleurs propres efforts d’aide au développement et de diplomatie visant à mettre un terme au conflit quisévit depuis 12 ans dans l’est de la RDC.S’appuyant sur des enquêtes de terrain et des entretiens menés au Nord et au Sud-Kivu, le rapportrévèle que bien qu’étant des adversaires, l’armée nationale congolaise et les groupes rebelles,notamment les FDLR, coopèrent régulièrement, se partageant les territoires et parfois les butinsamassés grâce à leur activité minière illégale. Le rapport prévient que l’intégration récente d’un autregroupe armé, le CNDP, à l’armée nationale facilitera la tâche des anciens rebelles désireux deprendre part eux aussi à l’exploitation des mines.
« Malgré certains développements politiques et militaires récents, notamment l’apparentrapprochement entre la RDC et le Rwanda, la violence perpétrée à l’encontre de civils non armés sepoursuit et d’innombrables vies sont perdues chaque jour. Toutes les parties belligérantes en RDCrecourent systématiquement au travail forcé et à de violents actes d’extorsion dans les zonesminières », a affirmé Patrick Alley, directeur de Global Witness.
« Il ne suffit pas que les entreprises déclarent n’acheter leurs marchandises qu’à des exportateursagréés, car elles savent pertinemment que leurs intermédiaires s’approvisionnent auprès de groupesarmés. Le fait que les gouvernements n’exigent pas des entreprises qu’elles rendent des comptes,que le Burundi et le Rwanda ne limitent pas les échanges commerciaux qui passent par leursfrontières, et que les bailleurs de fonds et les diplomates ne s’attellent pas explicitement au rôle ducommerce de minerais sont autant d’éléments qui contribuent à la perpétuation d’un conflit qui aentraîné la mort de millions de personnes et le déplacement de millions d’autres. »
L’une des entreprises figurant dans le rapport est la THAISARCO, le cinquième plus gros producteurd’étain au monde, qui fait partie d’AMC, géant britannique du secteur des métaux. Le principalfournisseur de la THAISARCO, le comptoir Panju, basé au Congo, vend de la cassitérite et du coltanprovenant de mines contrôlées par les FDLR.
L’une des autres entreprises citées dans le rapport estAfrimex, société de droit britannique, concernant laquelle le gouvernement britannique a déjà concluen 2008 qu’elle portait atteinte aux Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprisesmultinationales pour s’être approvisionnée auprès de fournisseurs qui adressaient des paiements à ungroupe rebelle. Le gouvernement britannique n’a pas encore pris de mesures concrètes sur la basede cette information.