Thursday

11-09-2025 Vol 19

Lettre de la Candidate Ecolo Cynthia McKinney au President Clinton. Une lettre exprimant l’amértume, l’indignation sur la vraie situation en RDC

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Excellence William I Clinton
Président des Etats- Unis
La Maison Blanche
Washington D.C. 20500

Cher Bill Clinton,
Monsieur le Président,
Au cours des récentes semaines, il est devenu de plus en plus clair que l‘Armée Patriotique Rwandaise de Paul Kagame

— un gouvernement avec lequel les Etats- Unis ont entretenu des relations extrêmement proches — ont massacré des milliers de réfugiés Hutu à l‘Est du Congo (ancien Zaïre) ainsi qu’à I ‘intérieur du Rwanda. Les victimes sont des hommes, des femmes et des enfants, et ces massacres paraissent se baser sur une partie du plan délibéré et systématique visant leur élimination pour des raisons ethniques.

II a également été constaté récemment que les Etats- Unis ont continué à donner une formation militaire y compris celle de tireur d’élite à ces mêmes forces rwandaises pendant la période où ces massacres avaient lieu. Les Etats-Unis ont aussi mené des opérations conjointement avec ces forces.

La réponse du gouvernement des Etats-Unis devant les rapports concernant ces massacres a été constamment faible.

L ‘ambassade des Etats- Unis au Rwanda, au lieu de prendre des mesures vigoureuses afin de vérifier l’exactitude des rapports de ces atrocités reçus déjà des le début du mois de novembre dernier, semble considérer ces rapports avec un extrême scepticisme.

Notre attitude officielle envers ces rapports extrêmement détaillés sur ces atrocités commises par l’Armée Patriotique Rwandaise et leurs allies aux Zaïre semble avoir été d’opter pour une sorte d’expression polie de notre désaccord alors que nous aurions dû procéder au changement de notre politique sur le terrain. Par exemple, nous n ‘avons cessé ni la formation militaire, ni les exercices militaires conjoints.

Par conséquent je vous écris pour vous prier de vous renseigner immédiatement afin de savoir si un mandataire ou n’importe quel autre fonctionnaire de l‘Etat a été complice, soit par des actes, soit par négligence, des massacres perpétrés par nos alliés rwandais. Une action énergique et immédiate doit aussi être entreprise pour convaincre le gouvernement rwandais — aussi bien que ses admirateurs parmi les autorités chargées de la politique extérieure des Etats-Unis — qu’un minimum de respect des règles les plus élémentaires de décence est le prix à payer pour mériter l‘aide militaire des Etats- Unis.

Je vous prie aussi d’exiger des responsables officiels concernés au sein du Département d’Etat, du Département de la Défense et des autres services du gouvernement, qu’ils fournissent les informations sur les sujets ci-après afin de permettre au Sou- comité des Operations Internationales et des Droits de l’Homme de s’acquitter de l’ensemble de ses taches:

I. La réaction des Etats-Unis face aux rapports sur les massacres
Le 4 décembre 1996, notre Sous-comité a tenu une conférence au cours de laquelle plusieurs organismes des Droits de l’Homme ont témoigné des massacres perpétrés contre les réfugiés Hutu par les rebelles de l’ethnie essentiellement tutsi dans ce qui était l’Est du Zaïre.

On savait déjà que ceux-ci étaient des allies proches du gouvernement rwandais. Par exemple, le 17 novembre 1996, les rebelles Tutsi du Zaïre ont vraisemblablement massacré des centaines de refugies civils dont ceux qu’us avaient attires par des promesses de retour au Rwanda. Les réfugiés ont également rapporté que les forces tutsi capturaient les hommes et les jeunes garçons et les empêchaient de retourner au Rwanda auprès de leurs familles. Selon les réfugiés, ces hommes et ces jeunes gens ont été liquidés.

Au cours de la conférence du 4 décembre, j’ai demandé aux membres de l‘administration leurs avis sur de tels rapports. La réponse a été que le comportement des forces rebelles avait semblé être « remarquablement meilleur qu’auparavant’ » (témoignage de l’ambassadeur Richard Bogosian). Mais celui-ci a ajouté que « nous avons aussi entendu ces récits des massacres » et que « nous en tenons compte… et… savons qu’à la fin la vérité se révélera »‘ (témoignage c/u Secrétaire assistant Phyllis Oakley). Veuillez nous présenter les faits détaillés des décisions prises par le gouvernement des Etats-Unis pendant ou vers décembre 1996 dans le but d’établir la vérité sur ces massacres.

II. La formation militaire dispensée aux forces rwandaises par les Etats- Unis
J’ai encore demandé durant la conférence du 4 décembre si nous avions dispense une formation militaire aux forces du Rwanda et s’il était possible que cette formation ou toute autre forme de soutien ait pu être utilisée pour aider les rebelles qui sera lent en train de commettre des massacres. Un représentant du ministère de la Défense m’a assuré : « Je ne vois nullement la manière dont ce/a pourrait avoir lieu » (témoignage du représentant du Secrétaire assistant Vincent Kern).

On m’a encore assuré que notre entraînement aux forces rwandaises « concerne presque exclusivement les droits de 1‘Homme, ce qui est différent des opérations purement militaires » (témoignage de l’ambassadeur Bogosian) et que « nous leur avons apporté une formation légère… nous n’avons apporté au Rwanda aucune sorte de formation militaire intensive que vous rencontreriez chez les officiers de Fort Bragg, ni des choses semblables » (témoignage de Monsieur Kern).

Il apparaît donc que nous étions en train de dispenser aux forces rwandaises une formation militaire très large comprenant les Op-Psy (opérations psychologiques), les « stratégies militaires et les techniques fondamentales de tir à la mitraillette et que cette formation avait en réalité comme finalité les droits de l’Homme….

Autre chose curieuse, certains des formateurs venaient vraisemblablement de Fort Bragg. Ces informations nous ont été données le 20 août 1997 par la lettre émanant du Sous-secrétaire à la Défense, Walter Slocombe, et adressée à Ben Gilman, Président du Comité des Relations Internationales au Parlement, probablement en réponse aux questions soulevées par moi et d’autres membres de notre Comité lors d’une conférence en juillet 1997.

Malheureusement, cette réponse suscite surtout des questions et des inquiétudes. Par exemple, elle donne l’assurance que les militaires américains n’ont pas dirigé la formation contre révolutionnaire donnée à l’Armée Patriotique Rwandaise et que

tous les entraînements militaires au Rwanda avaient pour but de « promouvoir le respect des droits de l’Homme » mais la même réponse ne parvient pas à expliquer ni comment les formations de tireurs d’élite, de stratèges militaires et des Op-Psy pourront promouvoir les droits de l’Homme, ni ce que nous avons fait pour nous assurer que cette formation ne serve pas, plus tard, à briser l’insurrection ou ne soit utilisée dans des opérations militaires transfrontalières.

Veuillez fournir encore plus d’informations détaillées au sujet de l’éducation et de la formation militaires données aux unités de l’armée rwandaise, y compris les syllabus des cours ainsi que d’autres documents écrits ou distribués ou utilisés en rapport avec cette éducation et cette formation.

III. Les activités militaires des Rwandais au Zaïre

On sait maintenant que les forces rwandaises étaient engagées activement dans les opérations militaires dans l’ex-Zaïre. Les révélations également faites dans le rapport publié par John Pomfrot dans The Washington Post >>, stipulent que le ministre rwandais de la Défense, Paul Kagame, a rencontré les autorités américaines en août 1996 et les a prévenues en ces termes : « les camps de réfugiés à l’Est du Zaïre doivent être démantelés et si les Nations Unies ne déplacent pas les réfugies, quelqu’un d’autre sera obligé de le faire (Washington Post, 9 juillet 1997).

A la lumière de ces avertissements, les autorités américaines peuvent-elles vraiment ne pas avoir été au courant de la possibilité que les soldats et les officiers rwandais que nous étions en train de former pourraient être déployés au Zaïre 7 Comment se fait-il que nous recevions les rapports sur les massacres dans les camps de refugiés en décembre 1996, alors que le ministre rwandais de la Défense Paul Kagame avait menacé en août 1996 de « démanteler »’ ces mêmes camps ? Ne saute-t-il pas aux yeux de n’importe qui, au sein de notre gouvernement, que Kagame pourrait simplement être en train de mettre sa menace à exécution ?

Quand est-ce que le gouvernement des Etats- Unis a-t-il pu, pour la première fois, se rendre compte de la possibilité de la participation réelle du Rwanda dans les opérations au Zaïre ?
Au moment de la prise de conscience de cette possibilité et de la connaissance des rapports selon lesquels ces opérations comprenaient des tueries à grande échelle, d’hommes, de femmes et d’enfants non armés, avons-nous pensé que nous avions la responsabilité de vérifier si les soldats et les officiers que nous avons formés comme tireurs d’élite en juillet et en août 1996 avaient bien participé aux opérations au Zaïre ? Quelles démarches, s ‘il y en a eu, avons-nous effectuées pour vérifier cela 7 Savons-nous maintenant si nos lauréats formés par les Américains ont participé aux massacres?

Si non, sommes-nous en train de procéder à des vérifications pour nous assurer que l’aide et la formation actuelles données aux forces armées rwandaises par les Américains ne servent plus, par imprévoyance, à aggraver pareil comportement?

IV. Les activités “Op-Psy” visant les refugiés

La lettre du 20 août envoyée par le Sous-secrétaire Slocombe montre que durant le mois de novembre 1996, les Etats-Unis dirigeaient des « opérations psychologiques ainsi que des activités répandant des « informations publiques » conjointement avec l’Armée Patriotique Rwandaise pour convaincre les refugiés de rentrer au Rwanda.

Les « documents » de ces opérations « encourageaient les réfugiés à rentrer vers une patrie de sécurité et visaient à contrecarrer le message des Ex.FAR/Interahamwe selon lequel ceux qui rentrent seront tués »‘. Veuillez exhiber les copies de ce « matériel ». Etc.

En 2001, préoccupée par cette réalité qui ne s’améliorait toujours pas, j’ai également écrit au président Bush:

Je viens juste de rentrer de la RDC… Malheureusement, je me vois dans l’obligation de vous informer qu’en RDC, comme en Afrique en général, des crimes se commettent, avec apparemment l’aide et le support de votre administration. Je tiens à vous dire que la politique des Etats- Unis a échoué en RDC… Le résultat est une politique africaine brouillonne, désordonnée, un continent à vif et la complicité des Etats-Unis dans ces crimes contre 1’Humanité;

Monsieur le Président, partout les gens murmurent à ce sujet, mais ils sont trop bien élevés pour le dire à haute voix : votre politique en Afrique n’a pas seulement aidé à surveiller ce que l’on nommait Renaissance africaine, mais elle a contribué à prolonger la douleur et la souffrance des peuples africains…

Je dois ajouter que votre échec à arrêter l’invasion illégale de la RDC qu’ont menée à termes vos alliés, l’Ouganda et le Rwanda, a porté directement ces pays à commettre des crimes contre 1’humanité en territoire congolais. Maintenant, vous-même, vous demandez au monde qu’il ferme les yeux devant cette politique scandaleuse, alors que le monde entier sait que l’Ouganda comme le Rwanda ont attaqué militairement le territoire de la RDC. Et cela jusqu’à l’intérieur du pays et non pas seulement sur les frontières. Les atrocités qu’endurent quotidiennement tous les habitants de cette région sont scandaleuses.

C’est la conséquence de la mauvaise politique des Etats-Unis et de l’indifférence du leadership américain.

Georges Bush a fait la sourde oreille et a laissé faire. Je dirais même que les choses se sont aggravées avec sa présidence. Derrière un tel immobilisme, j’ai plus tendance à voir le poids des connivences, que celui de la seule indifférence. L’assassinat de Laurent-Désiré Kabila n’est pas non plus le résultat d’un hasard malencontreux.

J’ai eu le temps de m’apercevoir que des réseaux politico-mafieux très puissants rodaient, comme des vautours autour des richesses de la République Démocratique du Congo avant même sa prise de pouvoir en 1997 ils n’ont d’ailleurs toujours pas quitté les lieux… Les rapports successifs des Nations Unies l’attestent.

En apportant d’autres révélations et de nouveaux éclairages sur ce volumineux dossier criminel, Charles Onana nous aide à comprendre l’une des tragédies humaines les plus révoltantes et les plus scandaleuses depuis la fin de Seconde Guerre mondiale. Il mérite pour cela le soutien de tous les démocrates et de tous ceux qui estiment que l’Afrique n’est pas un simple réservoir de richesses pour l’Occident et ses complices africains. Car les Africains ont droit, come des Occidentaux, à la vie, à la dignité et à la prospérité sur leur propre sol.

Cynthia McKinney

Candidate du parti écologiste aux élections
présidentielles américaines de 2008
Ancienne congressiste du parti démocrate
Envoyée spéciale de Bill Clinton dans les Grands
Lacs africains en 1997

The Truth can be buried and stomped into the ground where none can see, yet eventually it will, like a seed, break through the surface once again far more potent than ever, and Nothing can stop it. Truth can be suppressed for a “time”, yet It cannot be destroyed. ==> Wolverine
The Truth can be buried and stomped into the ground where none can see, yet eventually it will, like a seed, break through the surface once again far more potent than ever, and Nothing can stop it. Truth can be suppressed for a time, yet It cannot be destroyed => Wolverine

Malcom

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