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11-06-2025 Vol 19

Filip Reyntjens, Les risques du métier: trois décennies comme “chercheur-acteur” au Rwanda et au Burundi.Paris, L’Harmattan, 2009; ISBN 978-2-296-05

Bonn, le 2 mars 2009

“Ménager la chèvre et le choux : ainsi pourrait-on caractériser les “mémoires” du professeur belge qui pourtant n’a pas l’âge habituel pour un tel exercice”. => Helmut Strizek

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Filip Reyntjens démontre qu’il n’a jamais approuvé l’agression du FPR le 1er octobre 1990 et qu’il n’a jamais “roulé” pour le FPR. Le problème n’est pas là. Peu de personnes ont émis de tels soupçons. Par ce constat il veut faire avaler plus facilement une pilule très amère par le public. Il veut éviter une réponse à la question importante de savoir si son combat sans merci contre le “système Habyarimana” – prolongé plus tard au gouvernement intérimaire – n’a pas contribué à la victoire militaire du FPR.

Sa défense farouche de l’hypothèse de la planification du génocide anti-tutsi par des “extrémistes hutu” exprimé déjà en janvier 1993 avant le départ du Rwanda de la Commission Des Forges et al. et propagé par lui depuis, a sans doute contribué à la consolidation du système Kagame après juillet 1994.

Renytjens défend dans son livre son implication dans “la mise au monde” des informations concernant les “escadrons de la mort”. Même aujourd’hui il considère encore crédible le rapport de cette commission publié en mars 1993 qui se fonde dans une large mesure sur ces informations. L’affirmation de l’existence d’un tel système a sauvé le FPR après l’offensive de février 1993. Sans un tel prétexte le risque pour le FPR de perdre le soutien de la communauté international eétait grand.

Reyntjens a toujours fait confiance à son ami Frodouald Karamira quand celui-ci a collaboré avec le FPR et combattu Habyarimana. Mais quand Karamira a dénoncé les vrais objectifs du FPR après l’assassinat de Melchior Ndadaye le 21 octobre 1993, Reyntjens s’est rallié sans hésitation à la propagande répandue par le FPR le qualifiant de raciste pro-hutu. (Reyntjens n’informe même pas ses lecteurs que Karamira a exigé p o w e r pour les partis réunis dans la coalition gouvernementale et non pas pour “les hutu” en général.)

Pendant la guerre de 1994 et de longues années après Reyntjens a agi comme “le procureur contre les ‘extrémistes hutu’ ” au détriment du chercheur sine ira et studio.
Reyntjens reconnaît quelques parti-pris osés de “l’acteur” mais défend en général ses prises de position. Il dit qu’il les a prises sans connaissance des massacres perpétrés par le FPR – pourtant Alain De Brouwer lui avait transmis déjà quelques indications (voir p. 88).

Même si l’on accepte qu’il a cru honnêtement qu’il s’agissait de la propagande relayé par les “extrémistes” il devrait être exclu d’affirmer en 2009 qu’on aurait pu “éviter la reprise des combats par le FPR” en neutralisant les “éléments de l’armée rwandaise et des milices” par la Minuar et d’autres troupes présentes dans la région.” Militairement c’est toujours valable mais aujourd’hui on ne peut plus se faire des illusions que l’immolation des tutsi faisait partie intégrante de la stratégie du FPR et des planificateurs de sa victoire militaire.

Est-ce que le phénomène de la décision du Conseil de Sécurité le 21 avril 1994 n’a jamais des doutes concernant sa conviction d’attribuer tout le mal à “l’akazu”? Il explique ce terme en se référant uniquement à son livre de 1994 sans informer le lecteur sur la connaissance d’aujourd’hui de l’arrière-fond de ce mot. On sait que le concept akazu “fut inventé de toutes pièces et introduit dans le discours politique pars les détracteurs” de la famille Habyarimana (G. Musabyimana, Rwanda, le mythe des mots, Paris, L’Harmattan, 2008, p.5).
Est-ce que Filip Reyntjens ne prend pas au sérieux toutes les informations dont on dispose aujourd’hui qui stipulent que le FPR et ses alliés étaient farouchement déterminés à sa victoire militaire à n’importe quel prix? Est-ce qu’il ne veut pas prendre acte de la détermination de Paul Kagame de ne pas se faire dissuader par les massacres prévisibles contre les tutsi de l’intérieur comme c’était le cas en 1964?
Comme René Lemarchand dans son dernier livre malheureux “The Dynamics of Violence in Central Africa” (Philadelphia 2008) Reyntjens n’ose pas aborder le vrai problème de la catastrophe de la région des Grands Lacs Africains à savoir les visées politiques du “réseau Clinton/Albright et Co.”

Tous les deux n’ont pas le courage de fouiller ce terrain miné.
A mon avis Reyntjens aurait dû stopper la publication de ce livre après le jugement du TPIR rendu public le 18 décembre 2008 déclarant nul et non avenu la planification du génocide contre les tutsi par des gens désignés par lui comme masterminds de ce crime.

C’est à Alison Des Forges dont le triste décès survenu le 12 février 2009 est douloureusement à regretter, que revient le mérite d’avoir reconnu ce fait sans détour. Sa déclaration faite auprès du New York Times du 19 décembre 2008 a surpis plus d’un et est devenue entre-temps une sorte de testament politique :

„The exclusion of the conspiracy charge against the men is a blow to Rwandan officials, said Alison Desforges of Human Rights Watch, because it undercuts their argument that the genocide was not a one-time event but the inevitable product of an anti-Tutsi atmosphere dating from the colonial era. ‚It brings us back to reality and says this genocide was a discrete historical event related to a specific set of circumstances’ , Ms. Desforges said.“

Reyntjens n’a pas saisi l’occasion d’un tel événement pour réfléchir à nouveau sur ce texte. Il l’a publié tel quel et on est obligé de confirmer son constat: “Je conclus en concédant que j’ai probablement été trop complaisant pour moi-même dans ce petit livre”.
© Helmut Strizek
The Truth can be buried and stomped into the ground where none can see, yet eventually it will, like a seed, break through the surface once again far more potent than ever, and Nothing can stop it. Truth can be suppressed for a “time”, yet It cannot be destroyed. ==> Wolverine
The Truth can be buried and stomped into the ground where none can see, yet eventually it will, like a seed, break through the surface once again far more potent than ever, and Nothing can stop it. Truth can be suppressed for a time, yet It cannot be destroyed => Wolverine

Malcom

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